Une histoire partagée, vers la Francophonie

Une histoire partagée, vers la Francophonie

La collection

Sont présentés ici des documents traitant de l’histoire générale et de l’histoire de l’Afrique, de la France, de l’Europe, de l’Amérique du Nord.
Les nombreuses cartes géographiques de cet ensemble documentaire apportent un témoignage graphique de l’histoire et du rythme des découvertes. Des ensembles constitués, comme la bibliothèque oumarienne de Ségou, permettent une connaissance authentique de l'Afrique de l'Ouest. Des récits de voyages, des documents administratifs et officiels, des textes littéraires et des enregistrements sonores éclairent de manière originale cette thématique.

Au travers de ces documents patrimoniaux apparaît une histoire partagée, vers la construction de la francophonie. Le terme de francophonie a été inventé par  le géographe Onésime Reclus en 1880. Quelques années plus tard est créée « l’Association nationale pour la propagation de la langue française dans les colonies et à l'étranger » qui deviendra l’Alliance française, sous l'égide de l'ambassadeur Paul Cambon. Le  mot francophonie sera ensuite popularisé par Léopold Sédar Senghor. La francophone en tant qu’organisation, se structure dans les années 60.

 

Article

Si le rayonnement du français au-delà de l’Hexagone a été longtemps attribué à son génie propre, l’idée prévaut aujourd’hui que la diffusion d’une langue ne réside pas dans ses qualités de clarté et de précision, souvent fantasmées. Les caprices de l’histoire, les hasards de la géographie ne seraient-ils pas bien plus décisifs dans le succès d’une langue à quitter son berceau ?

Sans doute le français en tant que langue internationale fut-il à son apogée en Europe du XVIIème jusqu’à la première moitié du XXème siècle. Les racines de cette influence remontent au Moyen-Age : les architectes français répandent l’art « gothique » dans toute l’Europe, les familles aristocratiques et princières imposent le français dans l’éducation donnée à leurs héritiers, les clercs de toutes les nations fréquentent l’Université de Paris… A la Renaissance, le français traverse les océans et s’implante au Nouveau Monde.

Puis, langue des diplomates, des cours et des salons où les idées des Lumières se disent en français, il devient une langue porteuse de nouveaux idéaux politiques au cours des guerres de la Révolution et de l’Empire. Le recul du français s’amorce en Europe au lendemain de la défaite de la France contre la Prusse en 1870. Mais les conquêtes coloniales offrent derechef un nouveau mode d’expansion incarné par les 3 « m » : les marchands, les missionnaires, les militaires.

L’histoire de la langue française épouse les évolutions historiques sur le temps long et subit les soubresauts de l’histoire. En 1919, signe des temps, un grand traité international, celui paraphé à Versailles pour clore le premier conflit mondial, n’est pas rédigé uniquement en français : une seconde version fait foi, en anglais. Mais les capitales de l’Union européenne, lentement édifiée à partir des années 50, ne sont-elles pas des villes francophones : Bruxelles, Luxembourg, Strasbourg ?

En 1970, près d’un siècle après qu’Onésime Reclus forge le mot francophonie, les Francophones décident de s’unir. 21 pays créent la première organisation intergouvernementale autour des pays ayant le français en partage. C’est sous l’impulsion des présidents Léopold Sédar Senghor (Sénégal), Hamani Diori (Niger), Habib Bourguiba (Tunisie) et du prince Norodom Sihanouk (Cambodge) qu’un traité institue l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT). Elle renforce ses moyens progressivement et devient l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF) en 1998, puis l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en 2005.

Aujourd’hui, alors que la population française représente 1% de la population mondiale, le français est le troisième idiome le plus appris dans le monde, la cinquième langue parlée après le mandarin, l’anglais, l’espagnol et l’arabe, la troisième langue des affaires après l’anglais et le chinois. Mais la place du français – ou doit-on dire des français de Côte d’Ivoire, de France, d’Haïti, du Québec… - peut-elle encore s’analyser en termes de conquêtes et de défense ? A l’heure des communications de masse, de l’essor des diasporas et des migrations, n’est-ce pas son rôle dans un multilinguisme ouvert qui doit être interrogé ?